Après des premières semaines éprouvantes, entre doute et angoisse, à s’adapter à son nouvel environnement et au climat, loin de ses enfants, Saoussen Ben Arbi est désormais bien installée à Montréal, avec sa famille. « Je suis Québécoise maintenant, dit-elle en riant, et mes deux enfants ne veulent plus retourner en Tunisie! Notre vie est ici, nous avons des amis, des projets et on a fini par s’habituer à l’hiver. »
Une arrivée ardue
Saoussen est arrivée au Québec en janvier 2020 pour commencer des études en secrétariat au centre de formation des Bâtisseurs, à Sainte-Marie, en Chaudière-Appalaches. Son mari, muni uniquement d’un visa de touriste, l’a accompagnée dans ce périple, avant de retourner au pays retrouver leurs enfants et le boulot.
Loin de sa fille et de son garçon, âgés respectivement de 5 et 2 ans, la trentenaire trouve les premiers temps difficiles. Isolée à cause des mesures sanitaires et du froid, la jeune mère de famille pleure beaucoup et craint de ne pas avoir fait le bon choix. « J’ai finalement décidé de déménager à Montréal après le premier mois. L’organisme Québec Métiers d’avenir m’a aidée à me réinstaller en ville et, à partir de là, les choses se sont améliorées pour moi », raconte-t-elle.
« Je me suis concentrée sur ses études au centre de formation professionnelle Léonard-De Vinci, sur mon travail à temps partiel pour le CIUSSS et, au printemps, j’ai pu aller me balader et découvrir Montréal. » Sa famille l’a rejointe à la fin de l’été dans le quartier Côte-Vertu où elle a un appartement.
Briser la routine
Saoussen Ben Arbi est née à Tunis. Comme son père et sa mère, elle a fait carrière dans une banque après avoir obtenu une licence de commerce. « J’avais une fascination pour tout ce qui concernait le secteur financier et j’ai toujours été une excellente vendeuse. » Elle y a travaillé 10 ans. C’est en lisant une petite annonce dans un journal local qu’elle décide de répondre spontanément à l’appel d’un établissement hospitalier du Québec en manque de personnel : « J’avais une promesse d’embauche de la part d’un CIUSSS parallèlement à mon futur DEP en secrétariat et comptabilité, raconte-t-elle, et j’ai été retenue. » Pour financer son projet, elle pige dans ses économies et reçoit de l’aide de son père. Mais comment en vient-on à faire le grand saut? « J’ai une nature audacieuse et baroudeuse – j’ai voyagé un peu partout sur les différents continents –, mais aussi sérieuse et ambitieuse. J’avais surtout une grande envie de changer de quotidien, de vivre à l’étranger. »
Découverte de la formation professionnelle
La Tunisienne l’avoue d’emblée : elle avait quelques fausses idées sur la formation professionnelle : « Je croyais que tout serait une répétition de ce que j’avais déjà appris, mais j’avais tout faux.
J’ai été impressionnée par la variété des expertises et des compétences, en service à la clientèle en anglais, en marketing, en comptabilité, en prospection, etc., sans parler de l’équipement. L’organisation est bien rodée. Ce que je retiens de la formation professionnelle au Québec? On y apprend réellement à être professionnel! »
Émigrer du Maghreb
La Tunisie est un pays d’Afrique du Nord situé sur la côte méditerranéenne, en bordure du désert du Sahara. Indépendante depuis 1956, la Tunisie est connue pour ses belles plages, sa culture et son Islam modéré. Saoussen est de confession musulmane. En venant au Québec, elle confie avoir eu la chance pour la première fois de rencontrer d’autres personnes qui pratiquent sa religion des quatre coins du monde.
Elle n’a vécu aucun épisode de rejet ou de racisme. Certaines personnes s’étonnent de la savoir croyante, car elle ne porte pas le voile. Cela l’amuse : « Je crois que je contribue à faire reculer les préjugés! Sans blague, ici, j’ai appris à être plus tolérante et à respecter tout le monde. »
Le soutien de Québec Métiers d’avenir
Saoussen ne tarit pas l’éloge envers l’organisme qui l’a aidée à venir étudier au Canada : « Pierre et Amélie, de Québec Métiers d’avenir étaient toujours là pour répondre à mes questions. Ils m’ont aidée étape par étape, de façon naturelle. Pour moi, pas de doute, Québec Métiers d’avenir c’est le top du top! »
Elle fait aussi valoir qu’au Québec il est possible d’entreprendre une formation professionnelle, quel que soit son âge : « Ici, à 20, 40 ou 50 ans, retourner à l’école, c’est normal. L’école au Québec fait preuve d’ouverture et les enseignants sont d’excellents pédagogues. Il n’y a pas la hiérarchie que j’avais connue en Tunisie. Les relations sont plus faciles. »
Une vie, plein de projets
Si Saoussen Ben Arbi est venue au Canada pour rompre la routine, c’est pour ses enfants qu’elle souhaite aujourd’hui rester et s’y établir : « Je pensais éventuellement retourner en Tunisie une fois mes études terminées, mais ce n’est plus le cas. Ma fille m’a dit récemment “Mon pays, c’est le Canada.” C’est en pensant à elle et à son petit frère, à leur avenir à tous les deux, que ce projet s’inscrit désormais dans la continuité. Pour la qualité des écoles, l’éducation gratuite, la variété des emplois offerts. Le Québec, c’est une province d’opportunités! »
En direct de Montréal
Parallèlement à son travail d’adjointe administrative au ministère de la Santé, elle collabore comme bénévole à l’équipe de Radio Maghreb, la radio maghrébine à Montréal, où elle discute mode féminine et tendances sur les réseaux sociaux. Dans le futur, elle prévoit revenir au domaine bancaire et joindre l’équipe d’une institution financière reconnue. Elle rêve également d’acheter une maison.
Histoire d’immigration
Depuis que Saoussen est venue ici, plusieurs de ses anciens collègues ont suivi ses traces. Même son frère. Son conseil pour un nouvel arrivant? « Socialiser avec tout le monde, en évitant de se ghettoïser uniquement avec des gens du pays natal. Vous n’allez pas regretter d’avoir pris cette décision. Aujourd’hui, j’ai une copine haïtienne, une copine québécoise … Il faut profiter de cette ouverture sur le monde. Aussi, ne pas hésiter à chercher de l’aide au besoin. Les Québécois sont très accueillants. Le fait d’intégrer le marché du travail du Québec nous apprend énormément sur les gens et sur les façons de faire. Ça aide à s’intégrer et à comprendre la terre d’accueil. »
« Moi qui viens d’un pays de soleil et de plage, être dans la neige, c’est comme être dans une boule de crème chantilly, mais on s’y habitue. » – Saoussen Ben Arbi
La réalisation de cet article est le fruit d’une collaboration entre Compétences Québec et Québec métiers d’avenir. Ce portrait fait partie de la série Diversité FPT, une initiative soutenue par la Fondation RBC et réalisée par Compétences Québec. Cette série vise à proposer une diversité des points de vue sur la formation professionnelle et technique au Québec et les métiers spécialisés au Québec.
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