La jeune camerounaise Maeva Kamga Fotso a entrepris des études de formation professionnelle en comptabilité en Beauce au début de la pandémie de COVID-19. Nouvellement diplômée, installée à Québec, elle a aujourd’hui un emploi stable et envisage un avenir radieux au Canada. Tout n’a pas pourtant été rose pour Maeva qui a dû faire preuve de courage et de persévérance pour réaliser son rêve. Elle nous raconte.
À Douala, la capitale économique du Cameroun, Maeva a laissé ses parents, ses quatre frères et sa sœur jumelle. Titulaire d’une licence en comptabilité de l’université Catholique Saint-Jérôme, elle avait entrepris un master, avant que le projet de venir au Canada ne bouleverse ses plans :
« C’est une de mes tantes, établie à Québec, qui nous a parlé de la possibilité de venir étudier ici, raconte-t-elle. Elle m’a fait connaître Québec métiers d’avenir (QMA) et nous a vanté le Canada. Au Cameroun, le chômage est un vrai problème. Peu à peu, l’idée a fait son chemin dans ma tête. Je me suis dit : Pourquoi pas! C’est l’occasion d’agrandir mon bagage intellectuel. »
Les choses se mettent en place
Le portail Québec métiers d’avenir (QMA) propose plus de 100 formations professionnelles, dispensées dans 95 centres de formation à travers tout le Québec. Ces formations de courte durée offrent de très bonnes perspectives d’emploi et sont accessibles à toutes personnes âgées de 17 et plus, sans limites d’âge. « QMA a été une aide précieuse. J’ai postulé pour obtenir une bourse d’excellence, mais je ne l’ai pas obtenu à ma première demande. L’année suivante, c’était la bonne, et je me suis préparée pour mon départ pour le Canada et le début de mes études à Sainte-Marie-de-Beauce. », se souvient Maeva.
Une arrivée difficile
En pleine pandémie mondiale de COVID 19, en plein hiver, le voyage de Maeva s’avère difficile. Il y a énormément de problèmes aux frontières, et des retards dus aux nombreux tests à effectuer avant de voyager, si bien que la jeune femme manque son vol. En débarquant à Montréal, elle doit de plus s’isoler dans un hôtel pendant deux nuits.
Seule dans un pays en confinement
Les choses ne s’améliorent pas tout de suite lorsque Maeva s’installe en Beauce. Elle trouve difficilement des moyens de se déplacer dans une région où les transports en commun sont peu développés; les gens sont renfermés à cause de la peur de la maladie. Elle ressent beaucoup de mélancolie. Elle pleure souvent. Elle sent la pression de réussir pour sa famille restée au Cameroun. Elle craint de ne pas être en mesure de tout régler les frais. En prenant tout son courage, elle trouve un emploi à l’entretien ménager des usines Vachon qui l’occupe les week-ends. « Heureusement, à partir du printemps, j’ai retrouvé peu à peu le sourire. »
Un dep en comptabilité
Au Centre de formation des Bâtisseurs, à Sainte-Marie-de-Beauce, Maeva loue une chambre et entreprend un DEP d’une durée de 13 mois. Même si elle a déjà fait des études en comptabilité, le DEP s’avère très formateur : « Ce fut l’occasion pour moi de voir de nouvelles facettes du métier, explique-t-elle. Les bases sont les mêmes, mais les systèmes de comptabilité sont différents. »
Pédagogie individualisée
De plus, la jeune femme a accès à la formation individualisée : « Chacun évolue à son propre rythme. L’enseignant intervient en appui. C’est une forme de pédagogie qui m’a surprise, mais je m’y suis fait. Cela nous permet de développer des compétences qui nous servent toute notre vie : la planification, l’autonomie, la gestion du temps, et à la fin, j’ai trouvé que c’était parfait. »
Un pays francophone… mais différent
Les premiers mois, la Camerounaise se rappelle avoir énormément de difficulté à comprendre l’accent québécois : « Ma tante me disait d’aller à l’épicerie pour me pratiquer, mais je ne comprenais…rien! » C’est à l’école, avec l’aide d’une nouvelle amie, qu’elle s’adapte enfin et s’ouvre peu à peu aux autres.
Et il y a aussi dans son quotidien le choc d’être noire dans une région majoritairement blanche : « Certaines personnes me regardaient avec curiosité, ou encore me posaient des questions, m’interpellaient. Heureusement, les gens sont de plus en plus ouverts aux autres cultures. »
Premiers pas en carrière
Après l’obtention de son diplôme et son stage, Maeva a été engagée au Palais de justice de Québec. Au service financier, elle s’occupe d’enregistrer les paiements d’amendes et les dépôts volontaires. « Il y a des lois et des procédures qui interviennent dans tous les cas de figure, je suis toujours en apprentissage. » Pour elle, l’ouverture d’esprit et sens de l’adaptation constituent des atouts pour s’intégrer sur le marché du travail.
«Persévérance, courage, volonté, sens de l’adaptation, voilà les aptitudes qui aident à garder le cap. Rappelez-vous toujours le pourquoi vous avez voulu immigrer et armez-vous de courage.»
Le regard de l’employeur
Selon Asma Laabed, coordonnatrice des activités judiciaires aux services financiers du palais de justice de Québec, Maeva est un excellent ajout à l’ équipe. Elle est souriante, motivée, agréable à côtoyer.
En ce qui concerne sa formation en comptabilité qu’elle a suivie au Québec, c’est un bilan positif : elle a travaillé sur les bons logiciels, elle est à jour concernant les façons de faire. C’est une formation de qualité. Le palais de justice de Québec regroupe les tribunaux suivants, la Cour d’appel de Québec, la Cour supérieure de Québec et la Cour du Québec. Il s’agit de l’endroit dans lequel la justice est rendue via ses tribunaux ayant une compétence dans une division territoriale donnée.
Un bilan de fierté
La jeune femme n’a jamais regretté son choix d’être venue étudier au Québec : « Je veux faire ma vie ici, m’intégrer dans la société et m’y marier. » Elle souhaite obtenir une promotion et devenir professionnelle. Elle rêve de voyager et de découvrir le Canada. Cet été sera son premier été depuis qu’elle a terminé l’école, sans pandémie. Elle compte en profiter pour aller se promener, profiter du beau temps, sortir au cinéma.
Lorsqu’elle se retourne vers le passé, Maeva est fière de son parcours : « Au départ, je doutais de ma réussite, mais j’ai eu du courage. J’ai fourni des efforts et je me suis donné les moyens de réussir. Persévérer, c’est dur, parfois. Ma famille comptait sur moi, et je voulais être un modèle positif pour mes frères et mes sœurs. Maintenant, je sais que je suis une personne qui ne baisse pas les bras. J’ai désormais davantage de confiance en moi. »
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