Le Camerounais Paul Darlin Tchignou étudie actuellement à Amos, en Abitibi, en Santé, assistance et soins infirmiers. Le jeune trentenaire a trouvé sa voie et un métier, celui d’infirmier auxiliaire, qui correspond à ses valeurs d’empathie et d’entraide. Témoignage.
Né en 1986, Paul Darlin Tchignou a grandi dans la ville de Douala (la capitale économique du Cameroun, 3,7 millions d’habitants) en Afrique centrale. Son père est maçon et sa mère ne manque pas d’occupation à la maison avec une grande famille de huit enfants.
Depuis l’enfance, le Camerounais est passionné de sciences. Il se rêve médecin, mais les circonstances et les lacunes du système scolaire camerounais ne lui ont pas permis de concrétiser cet objectif. Il a plutôt obtenu une licence en science de la vie et de la terre avant de travailler comme enseignant suppléant.
Du Cameroun à l’Abitibi
C’est un peu grâce au mari de sa sœur que le projet de venir au Canada se former comme infirmier auxiliaire est né : « Mon beau-frère a lui-même étudié en Abitibi; il m’a raconté son expérience avec enthousiasme et m’a mis en contact avec les bonnes personnes. Il m’a aussi soutenu financièrement en prenant en charge une partie de mes dépenses, raconte-t-il. Voilà un beau geste de solidarité. »
Le jeune Camerounais a choisi le Centre Harricana, une dynamique école de formation professionnelle située à Amos, en Abitibi. « Je n’ai pas hésité. Pour moi, il s’agit d’une opportunité. S’installer en région, du moins le temps de ses études, comporte de beaux avantages, notamment de se tenir loin des distractions de la grande ville et de favoriser l’entraide et la camaraderie entre les étudiants, alors qu’on est moins anonyme dans une plus petite communauté. »
Paul Darlin a débuté sa formation en août 2021 et devrait terminer ses à l’été 2023. « Le Québec fait partie des meilleurs dans la formation professionnelle, fait-il valoir. La province offre d’excellentes ouvertures en ce qui concerne le milieu de santé. » Préférerait-il s’installer ici ou retourner faire sa carrière au Cameroun par la suite? Il est trop tôt pour prendre cette décision, répond-il sagement.
De l’aide pour s’intégrer à son nouveau milieu
Paul Darlin Tchignou témoigne d’un accueil chaleureux dans sa nouvelle vie abitibienne. I les réjouit de la présence du Mouvement de la relève d’Amos-région (MRAR), un organisme à but non lucratif ayant la particularité d’être géré par un conseil d’administration composé exclusivement de jeunes âgés de 18 à 35 ans. Le MRAR favorise l’intégration sociale et professionnelle des jeunes sur le territoire. « Ils offrent un espace permettant aux expatriés de socialiser, partager leurs difficultés et de se faire de nouveaux amis. »
Paul Darlin peut aussi compter sur l’équipe de Québec Métiers d’avenir : « Cet organisme me met un grand sourire aux lèvres, illustre le jeune homme. Je n’y serais pas arrivé sans eux. Ils ont facilité ma formation, mon installation au Canada et mon intégration. Ils sont vraiment géniaux! »
Centre de formation Harricana
Le diplôme d’études professionnelles en Santé, assistance et soins infirmiers prépare à l’exercice de la profession d’infirmière auxiliaire et d’infirmier auxiliaire. Sa durée est de 1 800 heures consacrées à l’acquisition de 31 compétences liées à la profession. Cela comprend le temps consacré aux apprentissages théoriques et pratiques, incluant les stages en milieu de travail. À son centre de formation professionnelle, Paul Darlin a été impressionné les salles dédiées à la pratique du métier, le matériel technique disponible, mais aussi par la gentillesse des enseignants : « Ils sont cutes, comme vous dites ici au Québec. Tout le monde a à cœur la santé des bénéficiaires, le respect et le travail d’équipe. Nous sommes formés pour être rapidement professionnels dans nos fonctions. »
Les projets de Paul Darlin
Il n’y a que quelques mois depuis l’arrivée du futur infirmier, et pourtant, il s’est déjà frotté à bien des aspects de la vie au Québec : « Il a fallu m’acclimater à l’articulation des mots, aux accents, au climat aussi. Ce n’est pas facile de s’habituer au froid, lorsqu’on vient d’une région très chaude. Je suis toujours en voie de m’adapter. Et pour les façons de faire, lors du premier stage en CHSLD, il a fallu prendre rapidement mes repères », mentionne-t-il. Pour la prochaine année, son attention est concentrée sur son projet d’études : « Je veux réussir, aller chercher le maximum de compétences. Après tout, j’ai déjà traversé tout un continent pour venir ici. Les plus grandes difficultés sont passées »
La formation en Santé, assistance et soins infirmiers (SASI)
Les infirmiers auxiliaires et les infirmières auxiliaires voient au bien-être des patients; ils contrôlent les signes vitaux, veillent à l’alimentation, administrent les médications, changent les pansements et apportent du réconfort. « C’est un métier en adéquation avec mes valeurs profondes et de réaliser mon rêve d’aider les personnes âgées et les personnes malades, dit Paul Darlin. Et la formation, très complète, nous apprend le savoir-être, l’écoute et la confiance en soi dans les interventions. Nous sommes formés pour maîtriser les déplacements sécuritaires, ce qui est capital pour le bien-être des patients. »
Un emploi comme infirmier ou infirmière auxiliaire demande une excellente condition physique, le sens de l’initiative et un bon jugement. « Je trouve que les modules sont complémentaires. Par exemple, nous avons abordé la relation aidante puis l’éthique, notamment toutes les lois québécoises et canadiennes qui concernent les établissements en santé, je trouve que cela est très important. »
Un métier où les hommes sont en minorité
Paul Darlin a encore quatre stages à réaliser au cours de sa formation. Il envisage de débuter sa carrière en CHSLD, où ses compétences seront bien mises à profit. Comme homme, il sait qu’il évolue dans une profession où les femmes sont en majorité : en 2020-2021, les infirmiers représentaient 11,6 % de l’ensemble de l’effectif, selon les données de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Et en ce qui a trait à la relève infirmière, la proportion des hommes est un peu plus élevée et varie autour de 12 à 14 %, selon l’année, ce qui contribue à la croissance graduelle de la proportion des infirmiers au sein de la profession. Paul Darlin compte un autre homme parmi ses collègues de classe. « Comme homme j’apporte une approche différente, une compréhension différente des émotions de mes usagers. » Il manque au moins un millier d’infirmières auxiliaires à temps complet dans le réseau, selon le ministère de la Santé du Québec.
La réalisation de cet article est le fruit d’une collaboration entre Compétences Québec et Québec métiers d’avenir. Ce portrait fait partie de la série Diversité FPT, une initiative soutenue par la Fondation RBC et réalisée par Compétences Québec. Cette série vise à proposer une diversité des points de vue sur la formation professionnelle et technique au Québec et les métiers spécialisés au Québec.
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