Étudier et travailler tout en étant loin de sa famille qui vit en France, demeurer concentrée sur son projet d’études malgré une pandémie mondiale, voilà les défis qu’a relevés avec succès Ludivine Roche, 28 ans, diplômée d’un centre de formation professionnelle. La jeune commis à la comptabilité nous raconte son parcours de la France vers Montréal.
Ludivine Roche est née en 1992 à Lyon, une ville française de la région Rhône-Alpes. Elle a étudié en massothérapie et travaillé comme massothérapeute jusqu’à son départ pour le Canada. Blessée par une tendinite, elle s’est mise à réfléchir à d’autres options de carrière. Elle a suivi, dans la foulée, un cours privé de gestion de spa : « J’y ai découvert la comptabilité. Cela m’a donné envie d’en connaître davantage. Ce métier correspondait à mon parcours initial, car j’ai fait mon baccalauréat en économique et social. »
L’amour du Québec
Le Québec attire de plus en plus de Français. La langue française, la culture nord-américaine et un marché de l’emploi vigoureux constituent des atouts indéniables pour attirer ces ressortissants en quête de nouvelles perspectives professionnelles. L’idée de vivre au Québec s’est développée doucement dans l’esprit de la Lyonnaise : « J’avais envie de voir ailleurs, mais ce n’est pas une décision facile de partir. Sur le moment, je n’ai pas réalisé cela, j’imagine que c’est à cause de l’inconscience de la jeunesse. » Ludivine économise pendant deux ans pour financer son projet.
Au cours de ses recherches, elle découvre le soutien qu’offre l’organisme Québec Métiers d’avenir : « Ce sont eux qui ont établi la communication avec mon centre de formation. Ils ont facilité beaucoup de formalités afin que je puisse entrer au Canada. » En août 2018, elle a passé une semaine en vacances au Québec, ce qui lui permet d’affermir son projet, puis, en juin 2019, elle s’installe pour de bon, seule, en appartement au centre-ville de Montréal.
Durant ses études, elle a occupé un emploi à temps partiel tout en bénéficiant d’un soutien financier de ses parents.
Entrée individualisée
Le centre de formation professionnelle Léonard-De Vinci où s’est inscrite Ludivine offre l’entrée individualisée; le début et la fin des cours sont variables, selon les disponibilités de chacun. Le jour de son premier cours, sept autres élèves commençaient leur formation. La majorité ont quitté après seulement quelques jours. De cette petite cohorte, aucun autre étudiant n’a terminé la formation. Mais la jeune femme s’est fait des amis dans les autres classes qu’elle a côtoyés tout le temps de ses études.
D’une durée de douze mois (1350 heures), dont quatre semaines en stage, le DEP en comptabilité y est de plus donné en enseignement personnalisé (ou individualisé ou hybride). Cette formule éducative permet aux étudiants de développer leurs compétences d’une façon autonome, accompagnés par un enseignant multiniveau toujours présent en classe, avec des outils comme des guides d’apprentissage et des applications et programmes informatiques.
Comme la plupart des étudiants, Ludivine a apprécié la souplesse de cette approche éducative : « Cela permet à chaque personne de cheminer à son propre rythme, et l’enseignant est toujours là pour répondre à nos questions. Même lorsque nous nous sommes retrouvés en enseignement virtuel à cause de la COVID-19, l’enseignant était là pour nous guider. »
Un stage en temps de pandémie
Les élèves de la formation professionnelle, comme ceux du cégep et de l’université, ont été affectés par la pandémie. Les consignes sanitaires, dont le télétravail obligatoire en entreprise, ont compromis de nombreux projets de stages. Au moment où Ludivine célébrait l’obtention de son diplôme, en avril 2021, car il fallait valider son stage afin d’obtenir le diplôme, en faisant un toast virtuel avec les gens de sa famille, elle n’avait toujours pas trouvé de stage.
Ajoutons à cela que sa mère venait de passer cinq mois en visite chez elle, car le gouvernement français avait interdit le retour en France en milieu de pandémie. Son départ a coïncidé avec la fin des classes et accentué la perception d’éloignement ressentie par la jeune femme. « Je n’avais plus de cours. J’avais perdu mon emploi à temps partiel de vendeuse, des suites de la pandémie et, là, je me retrouvais devant rien. Cette période fut extrêmement stressante. » Heureusement, l’histoire se finit bien : une place de stage a été dénichée par son CFP.
Métier : commis à la comptabilité
Les commis à la comptabilité – plus souvent appelés les commis-comptables – calculent et préparent des documents comme des factures ou des fiches de paye. Ils peuvent travailler dans divers secteurs, comme des cabinets comptables, des cabinets d’avocats et des sociétés commerciales et culturelles. « La plupart des entreprises en emploient, fait valoir Ludivine. Ils gèrent l’encaisse (dépôt, transfert de fonds, etc.) ainsi que les comptes fournisseurs et les comptes clients. » Ludivine travaille pour La Boîte immobilière, une entreprise qui se spécialise dans la gestion financière de petites et moyennes copropriétés du grand Montréal.
Elle a comme taches de calculer, préparer et traiter les comptes fournisseurs et les comptes clients. Elle s’occupe aussi de la correspondance par courriel avec ses clients et partenaires, et produit d’autres documents, comme des relevés pour les impôts et des formulaires d’autorisation pour les dépôts directs. « Au-delà des idées reçues, mon travail n’est pas routinier. Il y a des contacts humains cordiaux. Ça me plaît. »
Conseils d’une fille expérimentée
Ludivine avoue avoir eu envie de venir au Québec sur un coup de tête, sans trop rationaliser ce désir de se dépasser. Au-delà de la rigueur qu’exige la partie administrative (visa, Programme vacances-travail, permis de travail, résidence permanente), elle conseille de bien planifier son projet : « Il est facile de se décourager. C’est motivant d’avoir un objectif et d’y aller par étape. Cela nous encourage à persévérer. »
Conquise par l’accueil des Québécois, la neige et un emploi qui la comble, elle envisage de s’installer ici pour de bon. « J’aime Montréal, chaque quartier a son atmosphère, son cachet, le Vieux-Montréal qui me rappelle l’Europe, le quartier chinois qui me fait voyager en Asie… Au Québec, je me sens plus libre et plus en sécurité. C’est un sentiment qui fait du bien. Je trouve aussi une belle ouverture d’esprit dans ma société d’accueil. »
Elle souhaite continuer à travailler, à évoluer dans l’entreprise qui l’emploie, à planifier des voyages avec des amis et rêve, un jour, d’aller admirer les aurores boréales du Yukon avec sa famille. Elle apprend même les expressions québécoises. « Je suis fière de moi et de ce que j’ai accompli. »
Ce qu’elle conseillerait à une personne qui envisagerait comme elle de venir chercher des compétences en formation professionnelle au Québec? « De ne pas hésiter et de foncer. Rien ne nous empêche de faire demi-tour si l’on change d’idée. Il n’y a rien à perdre et tout à gagner. »
« Pour réussir, je crois qu’il faut rester concentrée sur son objectif tout en cheminant une étape à la fois. Bien sûr, cela prend de la volonté, et je crois que les encouragements de la part de nos proches nous aident à persévérer. » – Ludivine Roche, commis à la comptabilité
La réalisation de cet article est le fruit d’une collaboration entre Compétences Québec et Québec métiers d’avenir. Ce portrait fait partie de la série Diversité FPT, une initiative soutenue par la Fondation RBC et réalisée par Compétences Québec. Cette série vise à proposer une diversité des points de vue sur la formation professionnelle et technique au Québec et les métiers spécialisés au Québec.
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